Cocculus indicus : le burn out de l'aide-soignant

Guérir les névralgies avec l'homéopathie III

HOMÉOPATHIEPORTRAITS DE REMÈDES

Sophie Plantade

7/9/20245 min read

Si vous souffrez du mal de mer, vous avez peut-être essayé de le faire passer avec le composé homéopathique d'un célèbre laboratoire français. Sa formule inclut quatre médicaments qui ont en commun de soulager les nausées et les vomissements : Nux Vomica, Petroleum, Cocculus indicus et Tabacum. Cependant, les prendre tous ensemble est une mauvaise idée car non seulement cela va à l'encontre des règles élémentaires de l'homéopathie qui recommandent de ne prendre qu'un seul remède à la fois correspondant à un tableau clinique individualisé, mais en plus le traitement risque d'échouer lamentablement car des médicaments homéopathiques très proches dans leur mode d'action s'antidotent mutuellement. C'est ce qu'on appelle des interactions médicamenteuses en médecine allopathique, des relations en homéopathie. Il se trouve que Nux vomica et Cocculus antidotent Petroleum. Nux antidote Cocculus. Cocculus antidote Tabacum. Avouez que c'est ballot ! Et après, on dira que l'homéopathie, ça ne marche pas. Alors si votre chien bave et tremble dès qu'il s'agit de monter en voiture, quel médicament choisir ? Comment individualiser le mal des transport ? Il faut déjà chercher toutes les modalités qui le caractérisent et les symptômes concomitants, y compris les symptômes mentaux qui sont précieux pour individualiser le cas et donc restreindre le choix. Car le choix est vaste, plus d'une centaine de médicaments homéopathiques couvre les symptômes de nausée, vomissement, anxiété pendant les voyages. Bonne chance pour trouver le bon !

Si votre chien, habituellement très émotif et anxieux face aux changements, s'agite, se met à trembler dès qu'il voit une valise et déclenche une diarrhée, son simillimum est peut-être Argentum nitricum. Si votre animal est amélioré en fermant les yeux et en mettant son museau au grand air par la vitre ouverte, donnez-lui Tabacum. Si c'est un petit nerveux, hyperactif, plutôt dominant avec ses congénères et qu'il présente des spasmes très douloureux de l'estomac, des efforts inefficaces pour vomir de la bile, c'est certainement Nux vomica qui lui conviendra. Si votre chat préfère se tapir sous un siège et ne plus bouger pendant tout le voyage, s'il a la diarrhée en arrivant, refuse de manger quoi que ce soit et semble très faible sur ses pattes voire chancelant : vous avez plus de chances de le soulager la prochaine fois en lui donnant Cocculus. Même raisonnement pour vos chères têtes blondes.

Mais Cocculus est bien plus qu'un simple médicament de mal de mer. Ses très nombreuses vertus curatives couvrent de nombreuses pathologies, aussi diverses que les névralgies faciales, le mal de dents, la névralgie cervico-brachiale, le vertige de Ménière, la crampe de l'écrivain, le lumbago, la sciatique, les effets d'une hernie discale etc...

Une caractéristique essentielle de Cocculus, une key note (symptôme clé) est que ses troubles sont souvent liés à de l'insomnie et de l'anxiété pour la santé de ses proches.
C'est pourquoi l'on peut en déduire que Cocculus est LE remède emblématique des gardes-malades, des bonne-sœurs infirmières, des bénévoles sans frontières, des mamans épuisées par les nuits sans sommeil passées au chevet des bébés et enfants malades.


Il faudra y penser aussi quand tous ces héros invisibles du quotidien désignés sous le terme d'aidants par la société qui reconnaît à présent leur mérite, décompensent, craquent, tombent malades à leur tour après avoir tenu à bout de bras un proche totalement dépendant.
Psychologiquement, existentiellement, ce qui caractérise Cocculus est son dévouement, son altruisme qui confine au don sacrificiel de sa personne, et qui sera à différencier de l'anxiété pour autrui d'un Carcinosinum, l'empathie d'un causticum, la compassion de Phosphorus.
Quelques éléments parmi d'autres de compréhension de la problématique de Cocculus :
"Toute joie est coupable, s'il y a des gens qui souffre" (Guy Loutan) ; le syndrome du sauveur ; le désir de réparation sous-tendu par un sentiment de culpabilité ; le fantasme de soulager toute la misère du monde etc...
Pour ce qui est des symptômes physiques, Cocculus balaye tout le spectre des pathologies du système sensitif et moteur : des tremblements aux convulsions en passant par les crampes, de l'engourdissement à la paralysie. Dans ses symptômes nerveux Cocculus indicus ressemble beaucoup à Gelsemium et à Ignatia. Difficile de synthétiser tout cela dans une carte mentale.
Hodiamont nous explique que cette abondance de symptômes contradictoires découle d'un phénomène d'intoxication bulbo-médullaire qui est la clé du remède :
"En réalité il convient de se rappeler ici cette loi générale que toute intoxication du système nerveux provoque habituellement une période primitive d’excitation sensorielle et motrice, et une période secondaire d’anesthésie et de paralysie, lorsque l’intoxication est plus poussée. Ce phénomène est très marqué chez Cocculus, où la période d’engourdissement est précédée d’une période de forte hyperesthésie, et où la période paralytique est précédée d’une phase d’excitation motrice intense. En outre les deux phases ne sont pas simultanées pour le système sensitif et pour le système moteur. Il en résulte que nous pourrons observer un système sensitif excité alors que le système moteur est atonique ou inversement. Ceci tient à ce que les connexions médullaires sensitivo-motrices sont fortement modifiées, parfois comme interrompues ; les réflexes sont souvent ralentis, parfois même absents : c’est l’effet d’interruption médullaire du remède. Pour mieux comprendre la symptomatologie du remède il convient donc d’en subdiviser l’étude comme suit :
1° symptômes relevant de l’intoxication du système nerveux central et principalement du bulbe ; en particulier de la Xème paire.
2° Système sensitif : a) symptômes d’excitation, b) symptômes d’anesthésie.
3° Système moteur : a) Symptômes d’excitation, b) symptômes paralytiques.
" Hodiamont, Remèdes végétaux

Vous l'aurez compris, ce remède mérite d'être étudié en détail car l'éventail contrasté de ses indications pourrait le hisser au rang des polychrestes à l'instar de Gelsemium.