L'idéal thérapeutique que vise l'homéopathe uniciste est de trouver parmi les centaines de médicaments homéopathiques existants, celui qui couvrira la totalité des symptômes de chaque patient. C'est ce qu'on appelle le similimum. Car conformément à la loi des semblables, l'image du remède, (on appelle remède le médicament capable de guérir un individu) doit pouvoir se superposer à celle du malade jusqu'à se confondre avec elle.
C'est pourquoi la démarche homéopathique exige une observation fine de l'individu dans sa globalité et sa complexité, une prise en compte de son histoire. Elle suppose une compréhension de la dynamique du processus de guérison afin d'ajuster le traitement au plus près de ce que l'homéopathe perçoit du patient en perpétuelle évolution.
Tout comme le remède qui lui correspond à un moment donné, l'individu possède mille facettes dont il faut savoir saisir l'essentiel, les quelques key notes (symptômes clés) et caractéristiques qui dessineront les contours reconnaissables d'une totalité cohérente et signifiante : la gestalt d'un médicament. On est plus proche ici du puzzle ou du portrait chinois que de la caricature.
On confond souvent le similimum avec le remède constitutionnel d'un individu mais cette quête du saint Graal peut sembler illusoire car le similimum reste rarement le même tout au long de notre vie puisque nous sommes susceptibles de tomber malade, de laisser s'installer dans notre organisme une succession de miasmes qui occuperont tour à tour le premier plan et nécessiteront le choix de médicaments différents en fonction des symptômes physiques, émotionnels et mentaux qui s'exprimeront alors.
De fait, les maladies chroniques dont la majorité de la population souffre actuellement, demandent pour espérer être guéries, une cure homéopathique souvent longue et laborieuse au cours de laquelle chaque strate pathologique, chaque miasme, chaque épisode aigu pourra être traité avec un médicament différent : c'est la stratégie de la cure en zig zag. L'enjeu étant de rétablir des niveaux de santé plus élevés en permettant à la force vitale de reconquérir et nettoyer le terrain abandonné à la maladie.
Par exemple, même si l'homéopathe débusque au premier coup d'oeil le remède constitutionnel d'une patiente de type sépia, il pourra choisir "d'ouvrir le cas" par un remède végétal comme nux vomica, si l'état psycho-émotionnel de la patiente s'y prête, afin de préparer en quelque sorte le terrain pour que sépia agisse pleinement. Par la suite, il aura certainement recours à un ou plusieurs nosodes correspondant au miasme actif, à des remèdes végétaux satellites comme aconit, arnica ou ignatia pour lever des blocages émotionnels éventuels liés à des traumatismes ; il aura ponctuellement besoin d'autres remèdes végétaux comme bryonia ou belladona lorsque se manifesteront des épisodes aigus ou exacerbations du fond chronique.
Enfin, l'homéopathe sachant conduire un traitement de maladie chronique ne manquera pas, selon les recommandations de l'Organon, de donner un médicament antipsorique tel que sulfur pour passer les caps essentiels du processus de guérison.
Pour ne pas s'égarer, il devra compléter la vision analytique que la Matière Médicale offre de chaque remède par la connaissance des "galaxies de remèdes" et des relations médicamenteuses afin d'appréhender la dialectique qui permet de passer d'un remède à l'autre en une sorte de continuum dynamique qui est celui de la vie même, en perpétuelle évolution (ou involution) et adaptation.
Peut-être y a-t-il par delà ces mutations et mues successives, un noyau, une essence immuable propre à chaque individu que la cure homéopathique, en remontant le temps, finira pas mettre à jour à force d'avoir ôté les couches miasmatiques comme on pèle un oignon ?