Morsures et envenimations
Guérison homéopathique des plaies
HOMÉOPATHIEANIMAUX
12/29/202418 min read
Si comme moi vous avez des chiens qui, hélas, se battent parfois et s'infligent des plaies de morsure avant que vous ne parveniez à les séparer, si vous habitez une région où vivent des vipères, cet article est pour vous.
Lorsque les plaies ne nécessitent pas plus de 3 points de suture, je préfère soigner mes chiens à la maison car une hospitalisation en clinique vétérinaire, même pour quelques heures, est toujours très stressante pour eux comme pour moi, sans parler de l'anesthésie qui comporte des risques sur les lévriers. La dernière fois que j'ai dû faire recoudre mon sloughi, la sédation chimique l'a mis dans un état épouvantable : paniqué, agité, ataxique, en hyperventilation, on m'a rendu un chien encore plus stressé qu'après l'agression. heureusement, dès la première prise de Nux Vomica 9CH, il s'est calmé et a retrouvé la maîtrise de ses mouvements.
Évidemment, n'attendez pas le prochain incident, qui arrive généralement le weekend end, pour vous munir des remèdes indispensables, à stocker précieusement dans votre pharmacie d'urgence.
Mais comment choisir le bon remède, la bonne posologie en fonction de l'aspect des lésions et de leur évolution ? Comment parvenir à une guérison homéopathique rapide sans passer par la case anti biotiques + anti-inflammatoires ? C'est ce que nous allons essayer de déterminer.
Je suis bien placée pour savoir qu'il n'est pas facile d'effectuer une répertorisation rationnelle et efficace dans l'urgence, sous le coup de l'émotion, quand votre compagnon gémit, pisse le sang et qu'il vous faut procéder aux premiers soins locaux ! Comment sélectionner le premier médicament pour initier un traitement dans la longue liste que nous offre le répertoire ?
PCKent SARL EVIDENCE
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Si vous avez eu le malheur d'être mordu par un chien à travers vos vêtements, alors vous gardez certainement le souvenir d'une douleur contuse plus ou moins intense suivie d'une splendide échymose aux couleurs de l'arc en ciel. La pression exercée par la mâchoire d'un chien est de 100 à 200kg au cm2 car cette dernière est conçue pour briser les os des proies et non pour mâcher des croquettes. Par conséquent, le premier médicament que vous pouvez administrer à votre animal sans trop vous poser de questions, c'est bien entendu Arnica montana. Son homéopathicité ne fera pas l'ombre d'un doute s'agissant d'une morsure. Must have et véritable panacée, cet immense médicament homéopathique connu de tous fera d'une pierre cinq coups : arnica tarira les saignements, soulagera la douleur, limitera l’œdème et l'hématome, préviendra le risque d'infection et traitera l'état de choc, rien de moins !
Le deuxième médicament à envisager est Ledum palustre parce qu'il convient tout particulièrement aux blessures punctiformes, tels que des crocs canins et des mâchoires de chat provoquent sur les tissus fibreux. Ce qui caractérise ce type de traumatisme pénétrant c'est qu'il n'y a "pas ou très peu d'hémorragie externe" et que "survient un gonflement œdémateux, mou et froid au niveau de la partie blessée". Ledum est en outre prophylactique du tétanos (tout comme hypericum). Il poursuivra l'action d'arnica sur la douleur, les tuméfactions et les extravasations lorsqu'elles ont "pris une teinte verdâtre ou jaunâtre".(1)
Pour éviter d'avoir à répéter les prises trop souvent, je vous conseille de donner les médicaments en haute dynamisation afin de soulager efficacement et durablement la douleur. En effet vous n'irez pas bien loin avec une petite 5CH, préférez une 200C voire une 1000C si les blessures sont importantes. Mieux vaut une dose unique en petite quantité (une goutte sous la babine suffit) plutôt que de déranger un animal stressé en le forçant à avaler des granules secs tous les quarts d'heure, c'est une question de bon sens.
Attention vous ne trouverez pas Arnica montana en pharmacie au delà de la 30ch. Commandez à l'avance la 200K, la MK et la XMK encore fabriquées par Boiron. J'utilise pour ma part les 200C, 1000, 10M et 50M centésimales hahnemanniennes de chez Remedia puisqu'elles ne sont pas disponibles en France.
Ni la posologie ni la dynamisation ne sont proportionnelles à la taille de l'animal, mais plutôt à l'intensité de l'affection et son impact sur l'état de santé. Dans un état aigu, lorsque les symptômes sont violents, comme une douleur intense ou une fièvre élevée accompagnée de prostration, il faudra frapper fort.
Shirley Casey (2) qui est formatrice dans les centres de soins de la faune sauvage aux États Unis témoigne des avantages à utiliser des doses uniques de très hautes dynamisations (Aconit en 1M) même pour des oiseaux et des mammifères de très petite taille comme les écureuils : elles permettent d'obtenir des effets thérapeutiques et des guérisons rapides tout en évitant les interactions et manipulations indésirables voire dangereuses avec des animaux sauvages en état de choc.
Cependant, si vous choisissez d'administrer une dose liquide en 200C ou 1000C ne multipliez pas les prises, laissez à la dose le temps de déployer toute sa puissance : pas plus de deux fois par jour ; pour les 10M, 50M : une prise unique en olfaction peut suffire, à ne renouveler que si les symptômes réapparaissent.
L'expérience montre que les plaies de morsures, même bien nettoyées, s'infectent très fréquemment et rapidement, en dépit des antibiotiques. Il faut donc partir du principe homéopathique que ce type de blessure évolue - et donc se traite - comme une affection dynamique aiguë. La réaction de la force vitale face à l’agression physique ET émotionnelle va nous indiquer le niveau de santé de l'animal mais aussi parfois nous révéler son miasme actif, lequel va donner sa coloration au processus de guérison avec toutes les complications possibles.
Tout cela est assez imprévisible sauf si vous connaissez déjà les tendances inflammatoire, allergique, suppurative, hémorragique de votre animal ou sa lenteur de cicatrisation. Mieux vaut donc avoir un arsenal thérapeutique sous la main pour faire face à toute éventualité. Ne vous imaginez pas qu'arnica suffira, il faudra parfois une succession de médicaments pour venir à bout d'un abcès, d'un phlegmon voire d'une plaie qui se nécrose, si les choses tournent mal.
Quoi qu'il arrive, vous devrez toujours vous appuyer sur des symptômes objectifs clairs et simples pour choisir le médicament à administrer à un instant T. Car si vous voulez que votre animal bénéficie des vertus curatives d'un médicament homéopathique encore faut-il que celui-ci ait une homéopathicité suffisante avec son état général, c'est à dire qu'il présente des similitudes caractéristiques avec les symptômes pathogénésiques colligés dans la matière médicale du médicament. N'allez pas chercher midi à quatorze heures non plus : privilégiez les remèdes au troisième et deuxième degré de la rubrique générale Plaies, morsures de chien extraite plus haut de deux répertoires.
Par exemple si la plaie s'abcède en exhalant une odeur putride, que l'état général du chien se dégrade, s'il devient faible, douloureux et fiévreux, agité, assoiffé et recherche la chaleur, vous pourrez légitimement lui donner Pyrogénium OU Arsenicum album qui sont très proches et complémentaires. Commencez par Arsenicum (2ème degré) puisque Pyrogénium n'est qu'au premier degré.
Autre conseil : plutôt que de perdre du temps avec un échec thérapeutique, essayez de faire un diagnostic différentiel entre deux médicaments pour lesquels vous hésitez, en l'occurrence Pyrogénium a soif pendant la phase de frisson qui culmine à 19h tandis qu'Arsenicum est aggravé la nuit entre 1h et 3h et il voudra boire pendant la phase de fièvre brûlante. Je concède que ce n'est pas toujours aisé de trancher, mais n'oubliez pas que votre animal aura toujours le dernier mot en choisissant le médicament dont il a besoin (zoopharmacognosie).
A l'occasion de la dernière bagarre entre Jeep et Rûmî, j'ai découvert grâce à l'article de Shirley Casey (2) l'efficacité d'un petit remède oublié, peu présent dans les répertoires alors qu'il a toute sa place dans la rubrique générale des plaies, en particulier des plaies septiques : Gun powder. Il fait partie du top 3 des médicaments de plaies de morsure infectées et d'abcès du vétérinaire américain Don Hamilton (3). Je l'ai testé et approuvé sur Jeep : une prise de Gun powder 200C a stoppé en 12 heures la suppuration de sa plaie à la gorge (odeur de viande faisandée) alors que trois prises en 6CH n'avaient pas suffi. Gun powder peut venir à bout d'un état septique quand les antibiotiques, Lachesis, Pyrogénium ou Echinacea ont échoué.
Le révérend Roland Upcher fut le premier à avoir eu l'idée de dynamiser la poudre noire. Il publia en 1911 un article dans The Homeopathic World documentant l'usage populaire de la poudre à canon comme remède souverain et prophylactique de l'empoisonnement du sang : composée de soufre (sulphur), charbon (carbo vegetabilis) et salpêtre (kalium nitricum) la poudre de fusil était saupoudrée sur les tartines de fromage par les bergers pour prévenir et guérir les maladies transmises par leurs moutons ; les indiens d'Amérique et du Canada l'utilisaient comme antivenin. L'homéopathe John Henry Clarke expérimenta la poudre de fusil dynamisée et publia en 1915, en pleine guerre mondiale, Gun Powder as a war remedy (4), très enthousiasmé par ses pouvoirs curatifs sur les blessures de guerre, les plaies infectées, les morsures et les piqûres d'animaux vénéneux, les septicémies, les abcès, les furoncles, anthrax, piqûres anatomiques et vaccinose. Clarke préconisait la trituration en 3DH.
Robert Seror raconte que les journaux non médicaux de l'époque s'emparèrent de l'information si bien que Gun powder fit partie de la tousse d'urgence que tout le monde se doit de posséder chez soi ; les pompiers et les policiers suivirent. Vous verrez que Gun powder remplace avantageusement un antibiotique à large spectre.
Difficile de parler de morsures de chiens sans évoquer Lyssinum, le nosode de la rage fabriqué à partir de salive de chienne enragée expérimenté pour la première fois en 1833 par Constantin Hering. Dans quels cas l'utiliser ?
Hodiamont l'indique dans "les mauvais effets ou les conséquences des morsures de chien ou d’autres animaux carnassiers" même si ceux-ci ne sont pas enragés. "Hydrophobinum pourra être le remède lorsqu'après une morsure le membre reste douloureux, présente de l’engourdissement, des névralgies, des fourmillements, une lourdeur du membre ou un affaiblissement musculaire. Le malade « ne se remet pas », de sa morsure ; même si celle-ci est en apparence guérie. Dans certains cas l’endroit mordu reste douloureux ; dans d’autres la morsure ne guérit pas, il s’y développe une sorte d’eschare, d’ulcère ou de gangrène. Ou bien la morsure cicatrisée présente une coloration anormale ; elle reste rouge, bleue ou noirâtre. Le sujet présente des crampes dans le membre mordu ou même dans les autres membres."(5)
Don Hamilton émet l'hypothèse que la sur-vaccination antirabique répétée peut induire des comportements agressifs chez certains chiens, ce qui s'explique soit par le phénomène de vaccinose soit par celui de miasme rabique greffé sur la force vitale de l'animal. Les deux explications revenant un peu au même, sauf que la transmission à la descendance ET par voie de morsure des comportements phobiques violents tend à confirmer l'hypothèse d'un miasme. Don Hamilton ne conseille pas Lyssin en première intention après une morsure, sauf si l'agression a été particulièrement violente (vicious) et traumatisante pour la victime.
Dans le répertoire on relève une illusion intéressante qui donne la tonalité paranoïaque de ce nosode : "Sentiment d'être tourmenté par quelqu'un dont il dépend ".
Edouard Broussalian inclut Lyssin au 2ème degré dans la rubrique "suites d'abus sexuels". Sans trahir l'esprit du remède, je pense qu'on peut généraliser à la notion d'abus physiques et psychiques. Il faudra donc y songer, de même qu'à Lac caninum, pour ces pauvres chiens échouant en refuge après abandon ou saisie judiciaire et qu'un passé de maltraitances sévères a rendus quasi inadoptables.
A partir des provings de Lyssinum, Margaret Lucy Tyler (6) met en évidence l'importance des symptômes mentaux suivants : la peur d'être seul ; la peur de devenir fou ; la peur que quelque chose de terrible ne lui arrive ; ne peut dormir, tiré du lit par une anxiété indescriptible.
D'après Quiquandon (7), les symptômes caractéristiques de Lyssin sont, après une période initiale d'abattement, une hyperesthésie sensorielle généralisée pouvant aboutir à des convulsions, l'animal étant aggravé par la lumière, le toucher, la vue et le bruit de l'eau, les secousses en voiture, les odeurs, les courants d'air ; une salivation abondante et des spasmes de l’œsophage en avalant de l'eau. Ajoutons : excitation sexuelle, diarrhée aggravée en voyant ou entendant de l'eau couler ; désire de l'eau mais ne peut la boire (l'hydrophobie que nous retrouvons ici étant le symptôme clé de la rage).
Si vous ne reconnaissez plus votre chien au décours d'une attaque de congénère (ou d'une vaccination antirabique), s'il semble très anxieux avec une expression de souffrance et des impulsions à mordre, ce qui peut être interprété comme un syndrome de stress post-traumatique, alors une prise de Lyssinum en 200C pourra peut-être éviter l'installation du "miasme rabique" avec des comportements dangereux pour l'entourage et les congénères. Il est intéressant de noter ici que comme dans la psychopathologie humaine, le traumatisme psychique violent subi peut entraîner une identification à l'agresseur qui modifie radicalement et durablement la personnalité et le comportement de l'animal : un paisible et débonnaire basset peut se transformer en un molosse imprévisible(8). Si la grande majorité des symptômes de la matière médicale de Lyssin concerne le système nerveux, il est attesté par des cas cliniques que Lyssinum guérit aussi les plaies de morsures sans autres caractéristiques lésionnelles spécifiques que la tuméfaction, la teinte rougeâtre bleuâtre, le prurit, mais surtout la cicatrisation rapide (comme dans la lèpre) ou l'ulcération maligne.
Il ne sera pas toujours facile de le différencier de Lachesis si la plaie prend une teinte bleu-noir et devient septique, avec soit une abcédation douloureuse, soit une ulcération à sécrétion fétide et sanguinolente, une tendance à la nécrose et à la gangrène. D'autant plus que Lachesis présente aussi l'hydrophobie comme symptôme mental au 2ème degré.
La vaccination antirabique n'étant pas obligatoire en France, il est vraiment dommage de faire courir ces risques de vaccinose aux chiens quand on constate les terribles dommages que leurs morsures peuvent infliger au visage des enfants, entraînant une condamnation certaine à l'euthanasie pour ces chiens. D'autant plus que le titrage des anticorps prouve généralement que la primovaccination confère une immunité pendant au moins neuf ans à l'animal. Don Hamilton conclut que pour traiter les effets de la vaccinose rabique, l'isothérapique du vaccin est plus efficace que le nosode Lyssinum.
Pour information, s'agissant de la prise en charge homéopathique de cas avérés de rage à l'étranger, le Docteur Manisha Bhatia (9) précise qu'il existe plusieurs médicaments possibles outre Lyssinum : Belladonna, Stramonium, Hyoscyamus, Cuprum, Lachesis, Phosphorus, Ruta, Acetic Acid, Plumbum et bien d'autres, histoire de nous rappeler que quelle que soit la pathologie et l'étiologie, la guérison dépend d'une prescription rigoureuse étayée par une répertorisation solide et une individualisation du cas.
Il est rare de prendre en flagrant délit de piqûre la bestiole qui va envenimer votre chien. Mais si son museau enfle comme un ballon de rugby une heure ou deux après qu'il ait vadrouillé dans la campagne et fureté dans les broussailles, recherchez attentivement sur la truffe ou la babine les traces de deux crochets. Laissez tomber l'aspivenin, donnez une première dose d'Apis mellifica 30ch pour éviter un éventuel choc anaphylactique et filez chez le véto.
Rassurez-vous, en France, une envenimation par vipère est moins toxique que celle des crapauds - laquelle s'avère rapidement mortelle pour les chiens et les chats. Même si vous êtes certain qu'il s'agit d'une vipère, n'imaginez pas que le vétérinaire va administrer un sérum anti-venin (réservé aux humains), la prise en charge et le traitement dépendront de l'état général et des symptômes de votre chien. Les anti-inflammatoires sont déconseillés car les reins doivent être préservés, l'efficacité des corticoïdes n'est pas prouvée (10), ils risquent par ailleurs d'inhiber le système de défense de votre animal. Un bilan sanguin est recommandé pour surveiller les fonctions rénales, hépatiques et les troubles de la coagulation qui sont caractéristiques d'une envenimation vipérine. Selon une étude d'un centre antipoison vétérinaire du Royaume-Unis, la mortalité est faible (4,6%) et la guérison est complète en 5 jours en moyenne (10) ; mais des complications telles qu'une hémolyse massive, une surinfection, un syndrome des loges, une nécrose des tissus sont possibles, tout dépend de la quantité de venin injecté ainsi que de la taille, l'âge et l'état de santé de votre animal.
C'est pourquoi, une fois rentré à la maison, il faudra surveiller l'évolution de l’œdème, l'aspect de l'épiderme à l'endroit de la morsure ainsi que l'état général de votre animal : des symptômes tels que fièvre, abattement, hémorragies, vomissements, paralysies révèlent que l'envenimation se poursuit. En homéopathie on connaît bien les effets toxicologiques des venins sur le système cardio-vasculaire, le foie, les reins et le système nerveux. Ici encore, la grande supériorité du traitement homéopathique par rapport à la prise en charge allopathique, c'est qu'il ne sera pas simplement symptomatique et palliatif mais bien systémique, agissant comme antidote au venin sur tous les fronts à la fois.
Si vous avez déjà aperçu des vipères sur votre terrain, il est impératif que Lachesis mutus et Vipera torva ou Vipera redi figurent en bonne place dans votre diluthèque. Vipera préviendra et guérira toutes les complications cutanées, cardiaques et hépatiques consécutives à la morsure de vipère en particulier la lymphangite, l'inflammation septique, l'ictère.
Lachesis mutus donnera d'excellents résultats si le tableau clinique correspond au remède : inflammation importante de couleur sombre, purpura hémorragique, fièvre élevée autour de 41°, pouls lent, perte d'appétit, très grande sensibilité au toucher, tendance gangreneuse et à saigner.
Le Docteur Don Hamilton recommande d'utiliser la plus haute dynamisation que vous ayez sous la main (200C est un bon début). C'est un vétérinaire homéopathe qui habite en Caroline du nord. Il a soigné des dizaines de chiens mordus par des mocassins à tête cuivrées qui sont des serpents de la famille des vipéridés, les plus agressifs de sa région. En première intention juste après la morsure il utilise soit Ledum, soit Belladonna, soit Lachesis ou Crotalus horridus. La règle est toujours la même, appliquez le principe de similitude pour choisir le médicament. Lachesis et Ledum palustre figurent au troisième degré dans la rubrique morsure de serpents du répertoire de Kent mais si l'animal est paniqué, agité, chaud bouillant avec les pupilles dilatées commencez par une dose de Belladonna. La key note qui vous fera pencher pour Ledum c'est que la zone de la morsure semble froide au toucher. En outre, Ledum a un tropisme particulier pour l'articulation du genou, les extrémités, il sera indiqué si votre animal a été mordu à la patte, qu'il est raide, abattu et frissonne bien qu'il soit soulagé par des applications froides. Attention Ledum antidote Apis.
En fait, les médicaments homéopathiques de morsures de serpents ne manquent pas : outre les venins, certaines plantes utilisées par les Amérindiens ont été dynamisées et ont fait l'objet d'expérimentations homéopathiques pour confirmer leurs vertus curatives.
Dans cette pharmacopée amérindienne on trouve l'Echinacea angustifolia qui agit comme un super antibiotique dans tous les états septiques avec fièvre, écoulements nauséabonds, gangrène, plus généralement : les empoisonnements du sang. On peut l'utiliser en teinture mère diluée pour les soins locaux plutôt que Calendula qui risque de cicatriser trop vite les tissus superficiels, ce qu'il vaut mieux éviter dans les plaies pénétrantes.
Au troisième degré figure aussi Cedron (Cimaruba cedron) un fruit connu en Amérique du sud non seulement pour soigner les morsures de serpents et piqûres d'insectes venimeux, mais aussi les fièvres paludéennes et les névralgies dont la périodicité a l'exactitude d'une montre suisse.
Hodiamont rapporte que le naturaliste Hellert voyageant au Panama, fut mordu à la jambe droite par un serpent-corail. "Il avait heureusement sur lui des morceaux de fruit du Cedron. Pendant les quelques secondes qu’il lui fallut pour tirer le remède du sachet qu’il portait suspendu sur sa poitrine, il fut pris de violentes douleurs au cœur et à la gorge ; mais à peine avait-il mâché et avalé une petite portion de Cedron de la grosseur d’une petite fève, que ses douleurs cessèrent comme par enchantement. Mais il lui restait de l’oppression et une sensation d’anéantissement général. Il mâcha un autre morceau et en appliqua la bouillie sur la plaie. Au bout d’un quart d’heure il ne ressentait plus rien que de légères coliques. Celles-ci furent suivies d’une forte évacuation de matières ayant l’aspect du lait caillé, et il fut guéri."(1)
C'est l'homéopathe Benoît Mure qui, au Brésil, expérimentera en 1843 le venin de ce serpent : Elaps corallinus fait donc partie des quelques venins de serpent de la Matière Médicale homéopathique. Ceci dit l'envenimation ne figure pas parmi ses indications thérapeutiques.
Lobelia purpurascens est très intéressante lorsque l'animal est prostré et ne peut garder les yeux ouverts ou les ferme spasmodiquement, la langue est paralysée, la respiration devient lente et superficielle. Lobelia évitera une évolution fatale vers le coma.
Moins connue, Euphorbia polycarpa (Golondrina) immunise contre les venins de serpent, ce qui en faisait un prophylactique précieux pour les Amérindiens. Une autre euphorbe : Euphorbia Prostata était utilisée par les Indiens comme un remède infaillible contre les morsures d'insectes venimeux, et de serpents, en particulier le serpent à sonnettes.
Inutile d'aller chercher ces remèdes exotiques, vous serez bien armés avec les polychrestes déjà cités ; essayés et approuvés par les vétérinaires homéopathes ayant obtenu des guérisons rapides sur leurs patients à quatre pattes.
Ajoutons tout de même un autre venin à cette liste qui pourra sauver la vie de votre animal au cas où l'envenimation vipérine entraînerait une défaillance hépatique. Crotalus horridus est particulièrement indiqué en cas d'ictère hémolytique, d'hémorragies de sang noir par tous les orifices, d'anémie hémolytique, de collapsus cardiaque, de septicémie. Au niveau local il traitera l’œdème, la lymphangite, la tendance à la nécrose et à la gangrène.
C'est le pire des scénarii d'une envenimation mais pensez à Crotalus Horridus si votre animal est prostré, tremblant, assoiffé, avec des vomissements de bile devenant rapidement hémorragiques, noirs accompagnés de diarrhée liquide noirâtre et sanguinolente. La latéralité droite des symptômes distingue Crotalus de Lachesis.
Étonnamment, même après une guérison des tissus, une envenimation peut produire des effets délétères à long terme. Des mois voire des années après l'envenimation peuvent persister ou apparaitre des abcès, fistules, furoncles ; les cicatrices peuvent devenir rouges et douloureuses. Autant de signes révélant l'action centrifuge du système de défense cherchant à éliminer par la peau le reste de poison. Quand ces signes manifestes d'empoisonnement du sang persistent longtemps après une envenimation, Kent recommande une dose de Thuya.
Ici encore Gun powder précité agira aussi très bien. Si la douleur et la fièvre reviennent périodiquement tous les ans alors c'est Bothrops qui est indiqué selon Boericke.
Ne doutez pas que cet arsenal thérapeutique, maintes fois éprouvé par des générations d'homéopathes chevronnés dans les situations d'urgence, vous permettra de soigner votre animal efficacement et rapidement.
Bibliographie
(1) Georges Hodiamont, Remèdes végétaux, Editions Similia
(3) Don Hamilton, Homeopathic care for cats & dogs, North Atlantic Books
(4) John Henry Clarke Gun powder as a war remedy http://www.homeoint.org/seror/clarkgun/index.htm
(5) Georges Hodiamont, Venins et remèdes animaux, Editions Similia
(6)Margaret L.Tyler, Neuro-psychiatrie - Les grands syndromes psychiatriques (2 ème partie) : remèdes à prédominance psychique. Revue « Homoeopathy », 1940, N° 3, Mars, pages 61 à 71
(7) Henri Quiquandon, Homéopathie vétérinaire, Les Éditions du Point Vétérinaire
(8)https://hpathy.com/clinical-cases/rabies-vaccine-side-effect/
(9)https://hpathy.com/cause-symptoms-treatment/rabies-symptoms/
(10) Philippe Beny, Stéphane Queffélec, Guide pratique de toxicologie clinique vétérinaire, éditions MED'COM